samedi 21 juin 2008

« Le bonheur vient de l’attention accordée aux petites choses de la vie. Le malheur, de la négligeance de ces petites choses. »

vendredi 20 juin 2008

ADOLESCENCE

Je me réveille encore une fois
Avec ce nœud au ventre qui me foudroie
Le pire ! C’est que je ne sais même pas pourquoi.
Une nouvelle journée s’offre à moi
Et je sais déjà qu’elle sera sans joie.
Je donne l’air de jouer les rabats joie
Pourtant je ne me plains pas auprès de ceux qui me côtoient,
Me voient souvent maladroit et mettent ça sur le compte de l’émoi.
Et moi ? Je ne les contredis pas.

Quel visage vais-je montrer aujourd’hui ?
Je suis un être apeuré par des angoisses non fondées
Et je vais donner l’image d’une personne qui se réjouit de futilités.
Je vais me fondre dans la masse de tous ces collégiens
Dont la vie ne m’inspire qu’envie
Car elle semble sans souci.

J’arbore chaque jour un sourire différent :
Sourire d’enfant, sourire poli,
Sourire charmeur ou ravageur
Pour dissimuler mes contrariétés, mes chagrins cachés.

« Bientôt quinze ans et tu te conduis toujours comme un enfant ! »

C’est ce que ne cessent de me répéter mes parents.
Et ils ont bien raison.
Déraison est mon surnom.
J’veux faire le grand et je pleure dans le noir.
C’est déconcertant de s’apercevoir que la souffrance est sans raison.

Je ferme souvent les yeux et m’adresse à l’Etre Suprême
Qui règne sur Terre et dans les Cieux :

« Dieu Seigneur ! Dites moi pourquoi ! Pourquoi a-t-il fallu que je sois moi ? Pourquoi suis-je sur cette Terre ? Je n’ai absolument rien à y faire. J’aurais aimé n’être rien. Ne rien ressentir, ne rien espérer. N’être rien. Ma vie est inutile. Je souris, je ris, je fais semblant que tout va bien alors que rien ne va. Dieu Seigneur je vous en prie. Si vous entendez mon cri, ma prière, emportez moi, emmenez-moi vers l’au-delà. »

Pour chaque moment de bonheur, la proportion de malheur est d’un pour dix.
C’est un indice officieux inventé par moi-même.

L’adolescence joue tout sur l’apparence.
L’âge mais aussi le visage sont ingrats.
Protubérance d’acné qui entraîne les railleries
De ceux qui sont épargnés.

Sourires figés pour dissimuler le mal qui me ronge
Et surtout pour éviter de voir rouge.
J’attends d’être seul pour craquer car un Homme ça ne pleure pas.

Et ma voix qui ne mue pas,
Et mon corps si frêle.
Freluquet, je joue à l’effronté pour ne pas avoir à affronter le regard des autres.
J’attaque les plus chétifs avant d’être touché.
C’est impératif ! L’adolescence, c’est la jungle.
La peur de se faire épingler fait qu’on anticipe les moqueries
Dont on pourrait être l’objet.

Au risque de devenir cinglé je joue au jeu de l’autodérision.
Les autres trouvent ça marrant !
Ils rient avec moi au lieu de rire de moi.
Ca change tout.
Le burlesque n’empêche pas que ça me blesse
Car je sais la part de vérité concernant ma beauté.

J’ai quatorze ans.

Tout en me préparant,
Je regarde mon reflet dans le miroir et tente d’apercevoir un quelconque attrait.
Rien n’attire mon regard.
Un nez biscornu, des lèvres charnues…
Aime toi et les autres t’aimeront certifie l’adage. Ils doivent me détester.

La gorge nouée, je tente de ne pas pleurer. En vain.
Je me convaincs que le vilain petit canard que je suis
Se transformera en cygne.
Mais pour l’instant, aucun signe d’embellissement.

Je fixe à nouveau mon reflet.
Mes yeux sont embués de larmes.
J’ouvre avec fracas l’armoire à pharmacie
Et dans un grand vacarme je m’empare des somnifères
Que j’avale d’un trait d’un seul.
Je réalise aussitôt la gravité de mon geste
Dicté par la détresse.
Je n’entends plus que le battement de mon cœur qui s’emballe.
La terreur m’envahit.

« Dieu Seigneur, pardonnez mon geste que je regrette du plus profond de mon être. »

Le côté obscur de ma vie s’efface, faisant place à tout ce qui l’embellit :
La complicité qui me lie à mes amis, car j’en ai tout de même,
Ma mère lorsqu’elle me sert fort dans ses bras et qu’elle me dit qu’elle m’aime,
Les câlins que m’offre ma petite sœur Kelly
Et la douceur des baisers qu’elle me donne chaque matin.
Je l’entends d’ailleurs qui m’appelle.

Quel imbécile je fais !
Je n’ai pas compris que les moments difficiles servent à nous faire apprécier
Chaque minute de bonheur qui illumine notre vie.

Je me sens défaillir.

« Maman !»

Un dernier cri de détresse tandis que je m’affaisse.
J’entends les pas de ma mère qui court jusqu’à moi.
« Sébastien !
Vite une ambulance ! Une ambulance !»
Mon père nous a rejoint un téléphone à la main.
Je sens ma mère qui me serre et qui pleure.
Tout devient flou autour de moi. Mais je m’en fou.

Ne t’inquiète pas Maman. Tout va bien maintenant.
On va s’occuper de moi.
Dieu Seigneur m’est témoin.
Je m’engage à respecter la vie, à respecter ma vie et à tout faire pour inverser l’indice officieux que je me suis inventée.

Désormais pour une journée de tristesse dix autres seront remplies de bonheur.

jeudi 19 juin 2008

C'est une belle journée !

"La plus perdue de toutes les journées
est celle où l'on n'a pas ri."

Nicolas Chamfort

mercredi 18 juin 2008

LOI DALO - Slam sur le logement

Les moulins à vent ont cessé de tourner.
Les enfants de Don Quichotte ont triomphé
De leurs ennemis jurés.
De cette victoire est entrée en vigueur
En Janvier de cette année,
Une loi honorable sur le Droit Au Logement Opposable.
Mais cette loi est-elle applicable ?

Sans domicile fixe !
Familles croupissant dans des habitations insalubres !
Familles en attente d’un logement social qui tarde à s’offrir à vous !
Familles victimes d’expulsion !
Vous êtes tous en droit d’exiger de l’Etat
Qu’il trouve une solution pour vous dénicher un toit.
Ainsi le veut désormais la loi.

Vous êtes sceptiques ? C’est compréhensible.
Vous pensez être la cible d’une ruse politique ?
Vous n’êtes pourtant pas amnésiques!
Des logements ? Il n’y en avait pas auparavant.
Tel était le leitmotiv des pouvoirs publics
Pour justifier leur incapacité à vous aider.

Et aujourd’hui, on prétend pouvoir vous sortir de votre carcan,
Grâce à des écrits officialisés par un législateur versatile !
Vous prendrait-on pour des imbéciles ?
Il n’empêche que l’espoir vous gagne.
La hargne que vous mettez pour monter vos dossiers est admirable !
Mais la paperasse vous harasse et nombreux sont ceux qui ne font pas face.

Douce France, cher pays de toute confiance,
Bercé par tant d’espérance, épargne nous ta lenteur.
Administration aux rouages rouillés qui freinent l’avancé des dossiers
Prouve-nous que l’on a tort, que ta réputation n’est pas fondée et fais des efforts
Pour aider rapidement ces mal logés !

Les demandes s’accumulent mais le ras le bol culmine.
600000 ménages sont concernés par la loi DALO.
Seuls 8000 demandes ont été déposées.
Pour quel résultat ?
491 personnes se sont vu attribuer un logement.
491 personnes !
Est-ce une farce ?
Oui c’en est une et nous en sommes le dindon.

Don Quichotte doit remonter en selle.
Les moulins à vent ont eu vent de l’attaque de ses enfants.
Ils ont feint de succomber pour mieux les biaiser.

L’heure de la revanche a sonné.